A 25 kilomètres d’Antananarivo, au c?ur de Madagascar, les Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu s’apprêtent à ouvrir une nouvelle communauté, ainsi qu’un Foyer de vie pour malades psychiatriques. Un chantier à la hauteur des besoins de la population locale. Reportage…

La première chose qui surprend, quand on arrive sur les lieux, c’est le calme contrastant avec le brouhaha permanent de la capitale malgache voisine. Une fois les baraquements des innombrables quartiers pauvres de Tana dépassés, on s’engage sur une petite route de campagne verdoyante, en cette fin d’été tropical. Bananiers, palmiers, manguiers, donnent un petit air de paradis, à condition d’arriver à oublier la terrible pauvreté que l’on vient de laisser derrière nous, bien plus visible en ville qu’à la campagne.

Après trois barrages policiers dont on ne sait plus très bien quelle est la légitimité dans un pays qui n’a plus de gouvernement depuis le putsch de 2009, on arrive à Imerintsiatosika, petite ville rurale de 30 000 habitants, située en plein c?ur de l’île dans la région d’Itasy.

Situé au bord de la route principale, un peu à l’écart de la ville qu’il surplombe, le futur Foyer de vie se construit sur le même modèle que les maisons en dur que l’on voit alentour : avec des briques rouges, fabriquées pendant la période sèche avec la terre des rizières. Un mur d’enceinte permet de délimiter le terrain et de protéger les nombreuses cultures commencées par les novices et postulants et qui seront entretenues à l’avenir par les résidents du foyer, comme activité manuelle participant à leur réinsertion. On y trouve des ananas, des arachides, des poires, des mangues et autres fruits propres à la région dont, bien évidemment, la grenade, fruit symbole de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu.

Sur le chantier, une véritable fourmilière s’active : pas moins de 150 ouvriers, embauchés par une entreprise locale, font sortir de terre, depuis quelques mois, ce qui sera la communauté des frères  ainsi que le noviciat. La chapelle et le foyer viendront ensuite.  

Malgré des moyens limités (ici, on creuse les fondations à main d’homme, on monte les murs brique par brique, on tamise le sable à la main pour la fabrication du ciment…), les travaux avancent rapidement et le maître d’?uvre, en visite hebdomadaire de chantier, assure que le planning prévu ne devrait avoir qu’un ou deux mois de retard, en raison des fortes pluies de février dernier.

Tout avance en même temps, les différents corps de métier étant tous présents sur le chantier. Ainsi, Frère Alain-Samuel Jeancler, supérieur de la province de France qui suit ce projet, a pu visiter les chambres déjà presque terminées alors que la toiture n’est pas encore posée. ‘Nous avons voulu les chambres tournées vers l’ouest, comme le veut la tradition malgache’, précise l’architecte. Une entorse à la tradition a toutefois été faite en rajoutant une ouverture vers le sud afin d’avoir une vue imprenable sur le massif de l’Ankaratra dont le sommet culmine à 2600 mètres d’altitude. Au c?ur du complexe, la chapelle sera, à terme, le point de liaison entre la communauté et le foyer, comme deux poumons puisant leur force dans ce qui fait la raison d’être des frères de Saint Jean de Dieu ici à Madagascar : l’hospitalité des plus vulnérables ‘pour l’amour de Dieu’, comme le rappelait souvent leur fondateur.

La communauté d’Imerintsiatosika devrait pouvoir accueillir les frères, les novices et les postulants à l’automne. Les travaux du Foyer de vie pour malades psychiatriques devraient quant à eux débuter dès le mois d’août, les fondations étant déjà creusées, pour un accueil des premiers résidents prévu courant 2014. Ces derniers viendront de l’unique hôpital psychiatrique de Madagascar, situé de l’autre côté d’Antananarivo, et où les frères se rendent régulièrement pour visiter les malades. Ce foyer répond à un besoin urgent, discerné par la communauté installée à Madagascar depuis 2008, à savoir la réinsertion des malades qui sortent de l’hôpital psychiatrique. Ceux-ci, souvent issus de milieux très pauvres, se retrouvent vite livrés à eux-mêmes à leur sortie de l’hôpital et ont donc trop souvent tendance à y retourner. D’où l’idée d’un centre qui accueillera et accompagnera une vingtaine d’hommes et de femmes dans le but de les aider à réapprendre la vie en société.

La communauté des frères de Marohoho, dans la banlieue d’Antananarivo, continuera de son côté son apostolat auprès de familles pauvres du quartier, avec notamment les frères scolastiques (dernière phase avant la profession définitive), toujours en formation.

A l’issue de son voyage dans l’Océan indien, Frère Alain-Samuel a ainsi pu toucher du doigt la vitalité de l’Ordre hospitalier qui continue l’?uvre de son fondateur en renouvellant sans cesse son action en fonction des besoins des plus vulnérables.

Pour soutenir le projet de la province de France à Madagascar, vous pouvez envoyer un chèque (à l’ordre de Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu) à :

Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu

Projet Madagascar

19 rue Oudinot

75007 Paris

Merci d’avance pour votre soutien !