
9èmes Journées hospitalières sur la Qualité
- 19 avril 2014
Les 9 et 10 avril derniers, des collaborateurs et frères de tous les établissements de France se sont retrouvés pour les 9èmes Journées hospitalières autour du thème de la Qualité, l’une des 5 valeurs Saint Jean de Dieu.
Installés au sein du Centre médico-social Lecourbe de la Fondation Saint Jean de Dieu, les participants ont vécu deux jours intenses partagés entre l’écoute de conférenciers de qualité, le partage d’expériences et des réflexions sur l’une des 5 valeurs de la Fondation, la Qualité.
Dans son discours d’introduction, Frère Paul Adnot a souligné que “la qualité, c’est avant tout la bonne manière d’être avec quelqu’un.” “La qualité alliée à l’Hospitalité est une petite vertu qui donne valeur à nos actes. Dans les pratiques professionnelles, a-t-il ajouté, les règles et les normes doivent être transcendées pour être productives en qualité. Finalement, a-t-il conclu, la recherche de la qualité est un état d’esprit, une volonté de s’engager dans la pratique et d’agir en conséquence.”
Intervention de Frère Paul Adnot
Gilles Duhamel a ensuite pris la parole sur le thème “Doit-on bâtir un projet global autour du patient ?”. Pour lui, la qualité des soins et la qualité de la prise en charge “passent par une reconsidération de la qualité du système de santé dans son ensemble.” “L’engagement premier est la santé de chacun, le soin et l’accompagnement de la personne malade ou en situation de perte d’autonomie.” Face aux multiples défis posés aujourd’hui (accès aux soins, financement durable des prestations, cloisonnement des professionnels, éclatement des approches, etc.), ce membre du “Comité des sages” préconise une organisation des soins résolument plus collaborative, mobilisant plusieurs acteurs. “La stratégie nationale de santé s’adresse à tous : tout le monde est responsable et tout le monde peut être acteur à des niveaux différents. L’ambition est celle d’un projet global, d’une dynamique d’ensemble des usagers et des professionnels, passant de la réflexion partagée à l’engagement commun.”
Intervention de Gilles Duhamel
Laurent Degos est, quant à lui, intervenu sur le thème de l’erreur comme partie intégrante de la démarche qualité-sécurité. Notre société, de jour en jour plus complexe, cherche à se prémunir de l’erreur en jouant la carte du tout-sécurité et du risque zéro. “Or l’erreur est le moteur de la vie et la source de découvertes et d’innovations et sans elle nous risquons de nous figer”, a lancé celui qui a été à la tête de la Haute Autorité de santé (HAS) pendant 6 années. “Apprendre de nos erreurs est nécessaire pour pouvoir s’adapter, évoluer. De plus, n’oublions pas qu’une erreur génère deux victimes en souffrance : celle qui a subi l’erreur et celle qui en est l’auteur.” Laurent Degos conseille d’entourer et de dédommager dès que possible la première, pour qu’elle se sente reconnue dans sa souffrance. Pour la seconde, il préconise de l’aider à déculpabiliser, selon le célèbre “No blame, no shame”. “Il faut laisser les erreurs émerger mais éviter les dommages et faire preuve de résilience.”
Intervention de Laurent Degos
C’est ce qu’a confirmé Eric Galam dans l’intervention suivante, soulignant l’importance d’accompagner les soignants en cas d’erreur. “Certaines affaires médiatisées le montrent bien : personne n’est à l’abri d’une erreur médicale, soignés comme soignants”, a rappelé le professeur de médecine générale à l’Université Diderot. “Si les soignants sont compétents et fiables ils n’en restent pas moins humains, faillibles, perfectibles et aussi vulnérables. Et lorsqu’ils sont impliqués dans une erreur médicale ou un événement indésirable associé aux soins, ils sont aussi, souvent, en souffrance et doivent être accompagnés et traités comme tel (seconde victime). Il est donc nécessaire de rapprocher le soignant et le patient : rétablir la confiance, échanger et parler, accompagner, analyser d’une manière systémique l’erreur et en tirer enseignement. Il faut donner au soignant sans retirer au patient.”
Intervention d’Eric Galam
Enfin, Etienne Minvielle, professeur universitaire en sciences de gestion à l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique, est intervenu sur le thème : “En quoi les indicateurs sont-ils importants dans la démarche qualité ?” Il a proposé quelques définitions, parmi lesquelles “l’indicateur est la partie visible de la qualité, un outil d’aide à traduire la mesure en action d’amélioration”, “la performance est l’un des objectifs de la qualité, elle se traduit par l’efficience”. Mettre en place des indicateurs, a-t-il précisé, permet d’évaluer, de mieux gérer, de mesurer, d’améliorer et d’inciter financièrement à la qualité.
Intervention d’Etienne Minvielle
Ces interventions ont été agrémentées d’ateliers, de témoignages (lire le témoignage de Serge Khayat, résident au CMS Lecourbe) et de débats sur des thèmes aussi variés que “Le management par la qualité”, “Le bon équilibre entre protocole et autonomie” ou encore “La qualité liée à l’éthique”.