Pionniers en santé mentale à Madagascar

Ce samedi 23 avril, l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu va inaugurer le premier centre de santé mentale de Madagascar, à 30 kms de la capitale. Un grand événement pour les frères hospitaliers comme pour les Malgaches, comme nous l’explique Frère Jean-Guillaume, frère de Saint Jean de Dieu et infirmier psychiatrique.

Dans quel contexte a été créé ce nouveau centre ?
Le Centre de santé mentale Saint Benoît Menni est le premier établissement du genre dans tout Madagascar. Il n’existe, à l’heure actuelle qu’un seul hôpital psychiatrique pour toute la Grande île, qu’on appelle “PK18”, situé à Antananarivo et d’où, malheureusement, les patients ressortent très souvent sans suivi. C’est en se rendant régulièrement dans cet hôpital public que nous avons découvert combien la santé mentale était le parent pauvre de la santé ici à Madagascar. C’est pour ça que nous avons ouvert, grâce à la province de France, le Centre Saint Benoît Menni dont l’objectif est d’aider les malades psychiatriques non seulement à être traités, mais aussi accompagnés dans leur réinsertion sociale à leur sortie.
C’est un événement vraiment très important pour les frères, dont le charisme est de s’occuper en priorité de ceux qui sont délaissés. Mais aussi pour les Malgaches dont le nombre de malades psychiatriques augmente à cause de la pauvreté toujours plus grande, de la drogue, de l’insécurité…

Comment va fonctionner le Centre Saint Benoît Menni ?
Nous avons 23 lits d’hospitalisation, 10 chambres pour un accueil de jour, ainsi qu’un centre de consultations externes. C’est ce dernier qui va jouer un rôle important dans le processus d’accueil des malades. Tous ceux qui le souhaitent pourront, à partir du 14 juillet prochain, venir consulter le médecin. C’est lui, en lien avec les équipes de soin, qui discernera d’une hospitalisation ou non. Tous seront accueillis sans distinction, avec, à l’exemple de notre fondateur, une priorité donnée aux plus pauvres. Nous avons pris la décision de faire participer chacun, à la hauteur de ses moyens, à sa vie dans l’établissement. Mais il nous faudra trouver des fonds supplémentaires pour faire vivre un centre dont le budget annuel de fonctionnement est estimé à plus de 150.000 euros par an ! Une vingtaine de salariés, avec les frères, permettront de proposer un accompagnement et des soins complets, à partir d’un projet personnalisé à chaque patient.

Quel sera votre rôle dans ce nouvel établissement ?
Pour l’instant, mes supérieurs m’ont demandé de me former à la gestion du centre, en lien avec Joseph Coltat, un volontaire venu de France pendant un an avec sa femme, Odile, pour mettre en place le projet d’établissement. En parallèle, je me prépare à ma profession solennelle, prévue en février 2017, si Dieu le veut ! De toute façon, quelque soit ma mission, je ferai ce que je peux, en essayant d’apporter ma foi, mon professionnalisme et ma culture au développement de l’établissement !

Vous pensez déjà à développer le centre ?
Oui, nous avons déposé une demande pour ouvrir 25 lits supplémentaires, car nous savons que les besoins sont nombreux et que nous allons vite être dépassés par les demandes. Pour l’instant, nous avons délimité l’accueil à des patients venant d’une zone géographique d’un rayon de 200 kilomètres maximum, mais ça pourrait évoluer. Les gens de la ville d’Imerintsiatosika en parlent déjà entre eux, et, à terme, on pense que le bouche à oreille va aller vite ! Enfin, nous avons commencé à nous impliquer également dans les soins à domicile ainsi qu’à l’hôpital de la ville, avec les postulants qui peuvent ainsi commencer dès maintenant à vivre leur vocation de soignant.

 

IMG_2664Frère Jean-Guillaume et Frère Christian devant la chapelle du nouveau centre

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