
Ethique et bioéthique
- 24 juillet 2019
A l’occasion de la révision des lois relatives à la bioéthique, le père Bruno Saintôt, jésuite, directeur du Département d’éthique biomédicale du Centre Sèvres et président du Comité d’éthique de la Fondation Saint Jean de Dieu nous en soumet les enjeux.
Des projets d’accès aux techniques d’assistance médicale à la procréation (PMA) pour des couples de femmes ou pour des femmes seules ont été formulés et mis en débat.
La parole de l’Eglise
Dans leur ouvrage La Dignité de la procréation*, les évêques de France lancent une mise en garde contre toute manipulation de cet acte profondément et spécifiquement humain qui pourrait entamer gravement la valeur de fraternité qui fonde le pacte social de notre société. L’Eglise encourage les recherches qui visent à prévenir l’infertilité ou à la guérir, dans le respect dû aux enfants, quels que soient les moyens utilisés pour leur venue au monde. Si la souffrance liée au désir d’enfant doit être accompagnée, elle ne peut être cependant abordée par le seul remède de la technique.
Les enjeux éthiques
La mise en œuvre des techniques de procréation médicalement assistée pose trois problèmes éthiques principaux dans le cadre de la fécondation hors corps, de la congélation des embryons, et de l’intervention d’un tiers-donneur. Nous pouvons par exemple légitimement nous poser la question du devenir des embryons humains « surnuméraires » ; ou nous demander si le recours à un tiers-donneur ne risque pas de porter atteinte à la filiation en privant l’enfant de l’accès à ses « origines ; ou bien encore regretter que le recours aux techniques de diagnostic qui permettent de sélectionner les embryons humains puisse conduire au développement de l’eugénisme libéral.
Le projet de PMA pour toutes les femmes pose quant à lui d’autres problèmes éthiques : celui de la référence paternelle chez l’enfant, le risque de marchandisation, la transformation des médecins en prestataires de services, la prévalence du « projet parental » sur l’intérêt de l’enfant à naître, le principe de l’égalité hommes/femmes qui peut conduire à la légalisation de la gestation pour autrui (GPA)…
Le respect de la dignité humaine
Autant de questions qui promettent de passionner le débat public. Nous devons garder à l’esprit que pour respecter la dignité humaine, la procréation ne doit s’apparenter ni à une fabrication, ni à une marchandisation, ni à une instrumentalisation d’un être humain au service d’autres êtres humains, ou encore au service de la science ou de la société.
Père Bruno Saintôt, s.j.

Pour aller plus loin
- L’Assistance médicale à la procréation, collection Les Essentiels de la revue Etudes. Ouvrage coécrit par Agnès Mannooretonil, Clarisse Picard, Bruno Saintôt, Didier Sicard, Myriam Szejer et Jean-Pierre Winter.
- *La Dignité de la procréation, coédition Cerf, Bayard, Mame. Déclaration signée par tous les Evêques de France.