Si Joseph Haydn est un compositeur bien connu qui évoque chez chacun d’entre nous le classicisme viennois, tout comme Beethoven ou autre Mozart, beaucoup ignorent la grande richesse de sa relation avec les frères de Saint Jean de Dieu.

Né en 1732 dans un petit village de Basse Autriche, Joseph Haydn était connu pour sa grande piété, sa simplicité et sa personnalité sereine, généreuse et paternelle. Lors de sa première rencontre avec les frères de Saint Jean de Dieu, il avait à peine 20 ans et avait été renvoyé de la chorale de la cathédrale Saint Étienne de Vienne car sa voix avait mué. Il vivait alors dans la misère en donnant quelques leçons de musique et en jouant dans les rues.

Salarié puis bénévole des frères de Saint Jean de Dieu

Sa rencontre avec les frères de saint Jean de Dieu a été salutaire pour lui. À cette époque, ces derniers encourageaient vivement les progrès dans le domaine de la musique et l’embauchèrent comme premier violoniste dans la chorale de leur couvent de Léopoldstadt à Vienne. Pour un salaire de 60 gulden par mois, le musicien remplissait son office tous les dimanches et jours de fête, à 8 heures du matin, pendant la grand-messe. Il est resté salarié des frères seulement quelques années puisqu’il a été appelé à Eisenstadt pour devenir maître de chapelle du prince Esterhazy en 1761.

A ce nouveau poste, il est malgré tout resté en contact avec les frères de saint Jean de Dieu qui dirigeaient un petit hôpital dans cette ville et a tout naturellement poursuivi avec les religieux de ce couvent la belle relation qu’il avait tissée avec ceux de Vienne. Il aimait particulièrement se retirer dans leur cloître et jouait bénévolement dans leur chapelle à côté de son emploi de chef de chœur à la cour.

Une collaboration insolite avec le Frère Primitif

A cette communauté d’Eisenstadt appartenait le Père Primitif Niemecz, bibliothécaire du prince et multi-instrumentiste de talent, avec lequel il entretenait des liens d’amitié très forts. Haydn donnait des leçons de composition au religieux, pendant que celui-ci, habile mécanicien, créait des pendules à flûtes, capables de jouer les compositions du maître. Ces pendules étaient des horloges ordinaires en apparence, mais contenaient un orgue mécanique miniature qui jouait à chaque heure un petit morceau de musique différent, 12 en tout, composés spécialement pour elles par Joseph Haydn.

Soigné avec patience

Haydn a également été soigné par les frères. Il a souffert presque toute sa vie d’un polype du nez. Une opération aurait pu grandement le soulager mais il a toujours fui les médecins. Les frères de saint Jean de Dieu ont cependant réussi à gagner sa confiance et l’ont soigné par trois fois en trente ans. Le résultat de ces opérations n’a malheureusement pas été complet puisqu’il se plaignait toujours dans sa vieillesse d’une tumeur maligne et inguérissable.

Le don de Joseph Haydn à saint Jean de Dieu

En témoignage de reconnaissance, Haydn a dédié trois œuvres d’Église au fondateur de l’Ordre hospitalier, dont la Messe Brève à Saint Jean de Dieu, composée en 1771. Ces compositions sont le témoignage des liens spirituels très étroits qui existaient entre le musicien et l’Ordre. Elles ont été conçues spécialement pour être interprétées dans la chapelle de l’hôpital des frères d’Eisenstadt, par conséquent Haydn a volontairement réduit le nombre de choristes et de musiciens nécessaires afin de s’adapter aux dimensions très modestes du lieu.

Toute sa vie, Haydn restera attaché aux Frères, jusque dans son testament, où l’on peut lire cette clause : « Aux Frères de Saint Jean de Dieu d’Eisenstadt, je lègue 50 gulden… ».

Tour à tour salarié, patient, bénévole et bienfaiteur, Haydn était aussi un ami fidèle des frères de saint Jean de Dieu ce qui fait de lui aux yeux de l’Ordre un modèle pour toute la Famille Hospitalière.