
Souvenirs martiniquais des Frères de Saint Jean de Dieu 2/2
- 13 février 2020
Dès le XVIIe siècle, les Frères de Saint Jean de Dieu ont embarqué sur les navires royaux pour ouvrir des hôpitaux aux Antilles. En Martinique, ils ont laissé deux petits souvenirs de leur passage… plutôt inattendus ! Le deuxième est l’oeuvre du Frère Edmond.
Infirmier, option distillerie
Au XVIIIe siècle, Frère Edmond Lefebure était supérieur de la communauté de Saint-Pierre de la Martinique et gérait également l’hôpital tenu par les frères. Cherchant de nouvelles ressources pour subvenir aux besoins de son établissement, il eut l’idée de tirer parti de ses talents d’alchimiste pour créer un produit à commercialiser au profit de l’hôpital et des malades. Il avait déjà créé une sucrerie pour transformer les cannes à sucre produites dans le champ que possédaient les frères et travailla dans le plus grand secret à une autre possibilité offerte par ces cannes à sucre : la production d’alcool. A force de travail, il réussit à créer une eau de vie de grande qualité.
Avec le sens du marketing !
Mais à cette époque, les importations de rhum vers la France étaient prohibées en vertu d’un décret royal. Cela ne découragea pas le frère Edmond qui trouva une parade : il allait vendre son alcool aux colons de Nouvelle-Angleterre (les Etats-Unis d’aujourd’hui). Pour séduire ces acheteurs étrangers, il choisit de baptiser son breuvage d’un nom à consonance anglo-saxonne : « Saint James ».
Si les frères de saint Jean de Dieu ont été chassés de leurs hôpitaux à la Révolution française et ont donc dû abandonner leur fabrique de sucre de canne tout comme leur distillerie de Martinique, le rhum Saint James continua d’y être produit après leur départ.
Comme vestige du passage du Frère Edmond en Martinique, on retrouva dans les ruines de Saint-Pierre, après l’éruption de la Montagne Pelée en 1902, une pierre gravée sur laquelle on pouvait lire : “En MDCCLXV (1765), cette sucrerie a été édifiée par les soins du père Edmond Lefebure, supérieur”. Mais l’autre marque de son passage, le rhum Saint James, a eu quant à lui, une destinée que son “père” était sans doute loin de soupçonner.