
Frère Jesùs Etayo, Supérieur général de l’Ordre informe la Famille hospitalière de la situation dans les Centres Saint Jean de Dieu dans le monde.

Une semaine après ma dernière communication, je désire vous informer de la situation des Maisons de l’Ordre en rapport à la pandémie du coronavirus qui continue de s’amplifier, affectant toujours plus de pays dans le monde entier.
Vous savez, à travers les moyens de communication, qu’il s’étend à toujours plus d’endroits et qu’il affecte de plus en plus de gens. Son épicentre reste l’Europe, pour le moment, où pratiquement la totalité des pays sont affectés et ont pris des mesures de plus en plus restrictives. L’Italie et l’Espagne, suivies de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni sont les pays comptant le plus de personnes infectées et décédées, spécialement les deux premiers où le nombre d’infections et de décès atteint des chiffres absolument effarants. Le pire, c’est qu’il n’y a aucune certitude quant au moment où ils commenceront à diminuer et donc à être contrôlés. Dans certains endroits, les systèmes de santé sont saturés, ce qui rend tout plus difficile.
Hors d’Europe, aux États-Unis les cas ne cessent de progresser, tout comme au Canada. Et, dans presque tous les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, des mesures sévères sont prises pour prévenir l’épidémie, car déjà quelques cas sont signalés.
En Asie, il semble que les cas soient sous contrôle en Chine, ainsi qu’en Corée du Sud, bien que toujours assortis de mesures restrictives très importantes. Dans les autres pays d’Asie, en Australie et dans le Pacifique, des mesures restrictives sont prises car le virus y est également arrivé.
En Afrique, malheureusement, la pandémie est également en train d’arriver et les appels se font entendre pour prendre des mesures restrictives dans tous les pays pour éviter sa propagation, en raison des difficultés supplémentaires qui peuvent exister. De nombreuses nations ont pris des mesures et espérons qu’elles pourront le contenir.
Pour ce qui est des Centres et des Maisons de l’Ordre, en tenant compte des informations qui nous sont parvenues à ce jour, je peux vous dire ceci :
Il n’y a pas de Frères ni de Collaborateurs contaminés dans les Maisons de l’Ordre, à l’exception de :
- Italie : Pour le moment, aucun Frère n’est contaminé, mais quelques Collaborateurs de la Province Lombardie-Vénétie et de l’Hôpital de l’île du Tibre le sont. Pour le moment, le problème le plus fort se situe dans le Nord, où les services de santé sont en train d’être saturés. Notre Maison de Erba est celle qui souffre le plus en ce sens, le reste, pour l’instant, va mieux.
- Espagne : C’est là que les personnes sont le plus touchées. Pour le moment, un Frère de 97 ans est mort à cause du coronavirus et 9 Frères des trois Provinces, ainsi qu’une religieuse qui sert dans un de nos Centres, sont contaminés ; toutefois ils vont bien pour le moment, ils n’ont pas besoin d’être hospitalisés et plusieurs sont asymptomatiques. En ce qui concerne les Collaborateurs, environ 100 d’entre eux se sont révélés positifs au Covid-19. Madrid continue d’être l’endroit le plus critique, suivi de la Catalogne et du Pays basque. Nos Centres accomplissent actuellement un grand travail de coordination avec les Administrations publiques et plusieurs d’entre eux soignent des malades atteints du coronavirus.
- Autriche : La situation est davantage sous contrôle que dans les deux pays précédents, mais à la date du 19 mars, nous avions au moins six Collaborateurs contaminés.
En outre, il faut tenir compte du fait que les personnes affectées, Frères et Collaborateurs, infectent à leur tour un nombre important d’autres personnes qui doivent être placées en quarantaine ou être isolées.
Je vous demande à tous d’être unis dans la prière avec toute l’Église et toute la Famille hospitalière de Saint-Jean-de-Dieu pour implorer le Seigneur pour tous les malades et les personnes affectées par le virus et, tout spécialement, les membres de notre Famille, Frères et Collaborateurs, qui ont été contaminés.
Au nom de l’Ordre tout entier, je veux remercier tous les Frères et Collaborateurs qui, ces jours- ci, donnent le meilleur d’eux-mêmes pour assister les malades et leurs familles, dans la lutte contre cette pandémie. Nous sommes très fiers de vous, parce qu’une fois encore vous faites briller le charisme et la mission de l’hospitalité, plus que les discours et les paroles : par votre engagement, souvent jusqu’aux limites de vous-mêmes, par votre sourire quand vous n’avez pas envie de sourire, par votre recherche permanente de ressources et de moyens pour mieux les assister, comme de bons Samaritains, comme de nouveaux saint Jean de Dieu, qui se multiplient pour le bien de ceux qui souffrent, de ceux qui ont peur, du vieil homme craintif, du jeune homme préoccupé. Pour les malades, vous êtes l’archange Raphaël qui leur apporte la consolation, l’amour de Dieu, la tendresse et l’humanité. Merci pour tout cela. Voilà pourquoi vous méritez les applaudissements que les gens adressent aux professionnels de la santé dans de nombreux pays et c’est pour cela que nous savons que le Seigneur ne nous oublie pas et que nous gardons l’espoir, confiants que nous gagnerons cette bataille.
Dans certains pays, cependant, le virus n’est pas encore arrivé ou n’a qu’une faible incidence. Frères et Collaborateurs, je vous le demande, si vous ne l’avez pas déjà fait, prenez sans tarder toutes les mesures de prévention dans les Centres et dans les Communautés. Cette pandémie s’avère plus forte qu’on ne le pensait et nous ne savons pas jusqu’où elle ira. Je vous en prie, prenez toutes les mesures indiquées par les autorités et celles que vous savez nécessaires par expérience. Je pense en particulier aux pays d’Afrique, qui ont connu l’expérience du virus Ebola. Mettez en œuvre et appliquez toutes les mesures et les protocoles, en tirant profit de cette dure expérience.
Nous poursuivons le temps du Carême en chemin vers Pâques. Nous vivons ce temps liturgique avec la douleur et la tristesse propres à la souffrance qu’entraîne cette pandémie, mais avec notre espérance dans le Seigneur de la Vie et la confiance qu’avec son aide nous surmonterons ce moment.
Je continue à demander aux Supérieurs provinciaux et locaux de prendre les mesures nécessaires dans les Provinces et dans chaque Communauté pour éviter les contagions, y compris, si nécessaire, toute réunion communautaire de quelque type que ce soit.
Je remercie les Supérieurs provinciaux pour les informations que vous nous avez envoyées sur la façon dont cette pandémie affecte chaque Province. Continuez à le faire car nous pourrons ainsi informer tout l’Ordre et, surtout, nous pourrons être plus proches de vous.
Ce sont des moments difficiles. Les choses semblent même aller en empirant. Avec les précautions et normes appropriées, en prenant soin de nous, c’est aussi l’heure de l’Hospitalité, de nous mettre à la disposition, de servir par notre exemple, comme le firent ceux qui nous ont précédés. Parmi eux, je rappelle en particulier saint Juan Grande qui, en 1600, mourut à Jerez de la Frontera (Espagne) des suites de la peste, portant l’hospitalité à ses conséquences les plus profondes, comme le firent également récemment nos Frères qui sont morts à cause du virus Ebola.
Prions les uns pour les autres et tous pour le monde entier, en particulier pour ceux qui souffrent le plus durement de cette pandémie.
Fraternellement
Frère Jesús Etayo Supérieur Général