
Covid-19 : 9ème message officiel du Supérieur général de l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu
- 21 septembre 2020
Rome, le 18 septembre 2020
À tous les Frères et Collaborateurs, membres de la Famille hospitalière de Saint-Jean-de-Dieu
Chers tous, chères toutes,
Je vous envoie mes salutations cordiales, en espérant que vous allez bien, remplis d’espérance en ce temps de pandémie du coronavirus, qui poursuit sa progression dans le monde, bien qu’à des rythmes différents. Actuellement nous approchons les 30 millions de personnes contaminées et 950 000 personnes sont décédées dans le monde entier.
Nous connaissons les conséquences de la pandémie, tant au niveau sanitaire qu’aux niveaux social et économique, mais nous ne connaissons pas les dimensions de ces conséquences, qui seront importantes selon tous les analystes. Cette situation a un impact très significatif sur nos vies, surtout sur notre style de vie, ainsi que pour nos programmes et activités qui sont fortement médiatisés par la pandémie. Cela nous conduit à développer notre créativité et à chercher de nouvelles façons de travailler et de nous relationner ; cela nous rend aussi plus sensibles à la solidarité et à la recherche du bien commun.
La pandémie continue de s’étendre dans le monde entier, de façon inégale, mais constante. En Amérique, spécialement aux États-Unis, au Brésil, au Pérou, en Colombie, au Chili et dans d’autres pays, la situation n’a cessé de croître au cours des derniers mois, mais il semble que le nombre de personnes contaminées est en train de diminuer. En Asie, l’Inde est le pays où les contagions augmentent le plus et en Afrique la situation, à cette date, reste assez contenue, même si le nombre de contaminés augmente dans certains pays. En Europe, la situation est restée sous contrôle ces derniers mois, mais le nombre de contagions est en train de repartir à la hausse, de sorte que l’on parle d’une deuxième vague de l’épidémie. Malgré tout, la situation sanitaire est beaucoup plus contrôlée et ne présente pas de difficultés en ce moment pour l’assistance dans les hôpitaux. D’autre part, beaucoup de tests sont réalisés, ce qui aide à découvrir de nombreuses personnes positives asymptomatiques.
Ceci étant et même si des progrès importants ont été accomplis pour le traitement du covid-19, l’espérance d’une solution définitive repose dans un vaccin. De nombreux groupes de chercheurs y travaillent rapidement dans différents pays, de sorte que certains sont déjà bien avancés et on peut penser que des vaccins pourront être disponibles à la fin de cette année et au début de l’année prochaine, mais leur efficacité et surtout leur sécurité doivent d’abord être établies. En attendant, nous devons vivre sans peur, tout en étant très prudents, respecter les mesures de sécurité qu’on nous demande et être très responsables, en protégeant surtout les personnes les plus vulnérables.
En ce qui concerne l’impact du covid-19 sur l’Ordre et comme c’était le cas dans mon dernier communiqué, le foyer principal demeure actuellement en Amérique, en particulier dans le Sud. Les dernières données recueillies et à notre disposition pour cette Région sont les suivantes : 526 Collaborateurs contaminés, un d’entre eux est mort ; 1692 patients positifs au virus, avec 53 décès et 16 Frères positifs, dont actuellement 8 sont encore positifs à domicile et un est décédé récemment dans la province de Colombie.
En ce qui concerne les frères de l’Ordre, et compte tenu des données indiquées ci-dessus, jusqu’à présent, 65 religieux ont été infectés, six sont décédés et 49 ont été rétablis de manière satisfaisante, et 10 sont encore positifs à l’heure actuelle.
La nouveauté, quant au nombre des Collaborateurs qui se sont révélés positifs au test du coronavirus, vient des données concernant l’Amérique latine. Dans le reste du monde où l’Ordre est présent, les contagions ont beaucoup diminué ces derniers mois, même si on a relevé quelques nouveaux cas. Dans l’ensemble, depuis le début, 1 500 Collaborateurs ont été infectés, dont trois sont morts.
Le nombre de personnes contaminées par le coronavirus qui ont été admises dans nos hôpitaux et celui des personnes qui se sont révélées positives au virus dans nos centres résidentiels et sociaux, s’élèvent à 6 000 patients, dont environ 550 sont décédés. Prions le Seigneur pour les membres de notre Famille hospitalière affectés par le covid-19, pour tous les patients de nos Centres et pour toutes les personnes qui, de par le monde, souffrent des effets de la pandémie et pour ceux qui sont morts.
Tels sont les effets et l’impact de la pandémie au niveau sanitaire dans l’Ordre. Au niveau économique et sur le plan de la viabilité de nos Centres, pour le moment et en faisant de gros efforts, tous s’adaptent à la situation, manifestant une disponibilité absolue auprès des administrations de santé publique pour collaborer à l’assistance sanitaire et sociale et pour prendre les mesures nécessaires en vue d’une gestion efficace des ressources. Malgré tout cela, nous verrons, quand cette situation prendra fin, quels effets et quelles conséquences elle aura pour beaucoup de nos Œuvres apostoliques. Je remercie tous les responsables, Frères et Collaborateurs, pour leurs efforts et leur engagement afin de maintenir vivants la mission et le service des malades dans chacun de nos Centres. Je remercie aussi tous les Frères et Collaborateurs pour leur immense dévouement en ces temps difficiles de la pandémie. En particulier, ma reconnaissance va aux Centres d’action sociale, pour personnes âgées, aux Centres de santé mentale et pour personnes handicapées, pour le grand service qu’ils accomplissent dans le soin des personnes assistées et de leurs familles.
Au niveau interne à l’Ordre et aux Provinces, les effets de la pandémie influencent beaucoup la dynamique et les programmes prévus. La mobilité demeure très réduite et cela nous amène à effectuer de nombreuses activités et réunions au niveau virtuel. Les Provinces et les Régions participent, dans la mesure de leurs possibilités, à des rencontres et à des réunions sous forme télématique. De même, à la Curie généralice, étant donné la situation, nous avons décidé de suspendre toutes les activités prévues sous forme présentielle à Rome jusqu’à la fin de cette année. Nous tiendrons le plus de rencontres possibles sous forme virtuelle, afin de mener de l’avant une partie importante de la programmation prévue.
Comme je l’ai dit dans ma dernière communication, l’Assemblée des Supérieurs Majeurs, prévue en octobre, a été suspendue en présentiel et une rencontre du Définitoire Général avec les Supérieurs Provinciaux de chaque Région a été programmée sous forme virtuelle. Il s’agira d’une rencontre plus réduite, durant laquelle seront présentés plusieurs documents sur des thèmes indiqués lors du Chapitre Général et d’autres thèmes, qui intéressent les Provinces, seront traités. En ce sens, en principe et étant donné la situation d’il y a quelques mois, nous pensions que la rencontre avec les Supérieurs Provinciaux d’Europe pourrait avoir lieu en présentiel, à Rome. Mais au cours de la réunion du Définitoire Général du 9 septembre, nous avons décidé de la suspendre également et de la tenir en virtuel, comme les autres régions, en raison de l’augmentation des nouvelles contaminations et des difficultés pour respecter les protocoles prévus à la Curie pour un groupe d’environ trente personnes.
Nous attendons impatiemment la nouvelle encyclique du Pape François, qu’il signera à Assise au début du mois d’octobre. Son titre sera “ Tous Frères ” (Fratelli tutti) et elle portera sur la fraternité et l’amitié sociale. Je suis sûr que ce sera une riche réflexion très appropriée et adaptée à la période de pandémie que nous vivons. Je vous invite tous à la lire et à la travailler en communauté et en groupes. Et je conclurai par quelques mots qu’il a prononcés lors de l’Audience générale du 9 septembre dernier, faisant sa sixième catéchèse sur la pandémie, intitulée “ Guérir le monde. Amour et bien commun ”.
« Un virus qui ne connaît pas de barrières, de frontières ou de distinctions culturelles et politiques doit être affronté avec un amour sans barrières, frontières ou distinctions. Cet amour peur engendrer des structures sociales qui nous encouragent à partager plutôt qu’à entrer en compétition, qui nous permettent d’inclure les plus vulnérables et de ne pas les exclure, et qui nous aident à exprimer le meilleur de notre nature humaine et non le pire. Le véritable amour ne connaît pas la culture du rebut, il ne sait pas ce que c’est. En effet, quand nous aimons et que nous engendrons la créativité, quand nous engendrons la confiance et la solidarité, c’est là qu’apparaissent des initiatives concrètes pour le bien commun. Et cela vaut aussi bien au niveau des petites et des grandes communautés, qu’au niveau international. Ce que l’on fait en famille, ce que l’on fait dans le quartier, ce que l’on fait dans le village, ce que l’on fait dans la grande ville et au niveau international est la même chose : c’est la même semence qui grandit et porte du fruit. Si dans ta famille, dans ton quartier, tu commences avec l’envie, avec la lutte, à la fin il y aura la “ guerre ”. En revanche, si tu commences avec l’amour, à partager l’amour, le pardon, alors, il y aura l’amour et le pardon pour tous ».
En ces temps de pandémie, cessons de rivaliser et brisons les frontières qui nous séparent et continuons à proposer la culture de l’hospitalité et de la fraternité, qui engendre la solidarité et le bien commun, qui n’exclut personne et qui prend soin avec amour et avec une tendresse toute spéciale pour les pauvres et les plus vulnérables.
Unis dans l’hospitalité et dans la prière, recevez mes salutations fraternelles.

Frère Jesús Etayo Supérieur Général