
Frère Jean-Baptiste Orsenigo, champion du monde des dentistes
- 21 décembre 2020
Aussi surprenant que cela puisse paraître, il existe un record enregistré au Guiness,
encore jamais battu depuis 1903, qui est détenu par un frère de saint Jean de Dieu ! Il s’agit de celui d’un frère italien, Frère Jean-Baptiste Orsenigo.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, tout le monde à Rome connaissait Frère Jean-Baptiste, dentiste à l’hôpital de l’Ile du Tibre de 1868 à 1903. Sa spécialité ? l’arrachage de dents.
Au cabinet dentaire de l’Ile du Tibre
Né en 1837, il est entré chez les Frères de Saint Jean de Dieu à l’âge de 26 ans et s’est formé à la chirurgie et à l’extraction des dents à l’hôpital des frères de Florence. Envoyé ensuite à Rome, il y a passé son examen d’habilitation à l’université et a commencé à exercer la profession de dentiste en 1868, l’année de ses vœux. A l’époque, le cabinet dentaire de l’hôpital de l’Ile du Tibre se trouvait à côté de l’entrée extérieure de l’église, une place de choix ! Frère Orsenigo ne faisait pas payer ses patients, il laissait simplement un plateau à l’entrée où chacun était libre de laisser ce qu’il voulait. Et les patients défilaient chez lui à un rythme impressionnant, attirés par sa grande renommée qui dépassait les frontières de Rome et même d’Italie, car sa méthode était assez unique.
Une méthode très efficace
Il faut dire qu’à cette époque, l’anesthésie pour les soins dentaires était très peu répandue et les pinces d’extraction terrifiaient les patients. Avec Fr. Orsenigo, pas de problèmes de ce genre : selon la légende, il utilisait rarement ses instruments. Doté d’une très grande habileté et d’une force exceptionnelle, il reconnaissait la dent malade du bout des doigts, la saisissait entre le pouce et l’index et dirait un grand coup. Simple, rapide, et quasiment sans douleur à ce que disaient ceux qui étaient passés entre ses mains.
De célèbres patients

(Wikimedia Commons)
Si Frère Orsenigo soulagea gratuitement un grand nombre de pauvres gens qui n’auraient jamais pu s’offrir ce type de soin, il s’occupa aussi de beaucoup de personnages importants : des ministres, des artistes, des têtes couronnées, comme en témoignaient toutes les photos dédicacées qu’il avait dans sa chambre. Le pape Pie IX avait un jour plaisanté avec lui en lui disant qu’il aurait bien fait appel à ses services, mais il n’avait plus de dents depuis bien longtemps !
Son successeur, le pape Léon XIII, lui confia un jour qu’une dent le faisait souffrir mais que ses médecins n’osaient pas extraire à cause de son âge déjà avancé. Le frère lui demanda alors d’ouvrir la bouche mais au lieu de se contenter d’examiner la dent, il l’arracha immédiatement et la mis dans sa poche. Le pape, très satisfait de l’intervention, exigea cependant que le religieux lui rende sa dent !
Une collection impressionnante
En effet, Fr. Orsenigo avait pris l’habitude de conserver toutes les dents qu’il arrachait. Il en avait une collection vraiment très impressionnante. Il exposait les plus étranges dans une vitrine alors que les autres étaient rangées dans des caisses. A la fin de sa carrière en 1903, il avait rempli trois énormes caisses, soit plus de deux millions de dents (2 000 744 pour être exact), faisant de lui le dentiste le plus prolifique et inscrit au Guinness des Records.
Notre-Dame du Bon Conseil

Dans l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu, Frère Orsenigo n’est pas seulement connu pour ses qualités d’arracheur de dents, mais aussi pour sa dévotion inébranlable à Notre-Dame du Bon Conseil. C’est à son intervention que l’on doit l’introduction par le pape Léon XIII de l’invocation de Notre-Dame du Bon Conseil dans les litanies de Lorette en 1903 et c’est aussi à lui que l’on doit la fondation d’un hôpital à Nettuno en 1889, grâce aux dons reçus de ses patients. Un hôpital qu’il dédia à Notre-Dame du Bon Conseil, bien entendu.
Frère Jean-Baptiste Orsenigo est mort le 14 juillet 1904, à l’âge de 67 ans, avec toutes ses dents en parfait état !