
Naissance de la Famille hospitalière
- 15 mars 2021
Le 8 mars 1550, il y a plus de 470 ans, saint Jean de Dieu expirait à Grenade. S’il a commencé son œuvre de charité seul et méprisé de tous qui le croyaient fou, il est mort entouré par de nombreuses personnes, auxquelles il avait transmis sa passion pour l’hospitalité et qui ont poursuivi son action après sa mort.
Dans ses lettres qui sont parvenues jusqu’à nous, dans sa première biographie ou encore dans les témoignages qui ont été recueillis lors de son procès de béatification, on voit apparaître des personnes, célèbres et anonymes, les unes après les autres aux côtés du saint pour former la première famille hospitalière.
Lorsque Jean Cidade arrive à Grenade fin novembre 1539, il a 45 ans et sort de plusieurs mois d’internement dans le service des malades mentaux de l’hôpital royal. Tous habitants de la ville se méfient de lui, le méprisent ou bien se moquent de lui. C’est donc seul qu’il commence à s’occuper des pauvres et des malades, c’est seul qu’il gagne l’argent nécessaire à leurs besoins.
Donner de ses biens

(Tableau de Bramante, Rome)
Mais très vite, l’énergie qu’il déploie pour soulager les malheureux intrigue, puis impressionne la population. A la fin de 1539, de premiers témoignages de soutien lui parviennent. Il s’agit de soutiens financiers : des bienfaiteurs lui remettent assez d’argent pour acquérir son premier local et pour acheter de la nourriture et des médicaments. Ces « âmes charitables » sont des notables locaux (ecclésiastiques, marchands, familles nobles de Grenade puis de toute l’Espagne). Certains, en plus de procurer des fonds à Jean de Dieu, sont devenus des amis proches auxquels il se confie dans de longues lettres, comme la duchesse de Sessa. Mais les bienfaiteurs de Jean se ne limitent pas aux grandes familles, puisqu’une multitude d’anonymes a contribué à son action en lui faisant l’aumône lorsqu’il quêtait dans les rues de Grenade.
Donner de son temps et de ses compétences

Au début de l’année 1540, quelques mois seulement après les premiers bienfaiteurs, d’autres personnes s’engagent auprès de lui en lui offrant non plus de l’argent mais leur temps, leurs bras et leur savoir-faire. En effet, Jean ne pouvait gérer seul son hôpital et accueillir tous les malheureux qui se présentaient à lui. Ses biographes font mention de personnes qui avaient déjà un travail mais qui venaient l’assister sur leur temps libre pour les soins médicaux ou bien le linge : ce sont les premiers bénévoles.
On sait également que Jean de Dieu a dû embaucher des salariés. Dans sa correspondance, il parle notamment d’un certain Angulo, l’un de ses proches associés et compagnon de voyage, qui est entré à son service en 1544. Cet employé exemplaire avait toute sa confiance et est rapidement devenu un excellent ami de Jean de Dieu.
Donner sa vie entière

(Tableau de Bramante, Rome)
Quant à ses premiers véritables disciples, ceux qui lui ont offert leur vie entière, ceux qui ont tout quitté pour prendre l’habit et le suivre, nous les voyons apparaître vers la fin de l’année 1545. Les premiers sont Antoine Martin et Pierre Velasco, deux frères ennemis que Jean de Dieu a réconciliés. Antoine commence par aider financièrement Jean de Dieu avant de se convertir et de l’imiter. C’est ce premier disciple que Jean appelle peu avant de mourir pour lui recommander tous ses pauvres et lui confier la mission de poursuivre son œuvre.
Une famille au service de l’hospitalité
Ainsi, dans les cinq premières années de son apostolat, le mendiant de Grenade a su rassembler progressivement autour de lui toutes les personnes qui, chacune à sa manière, allaient permettre à son œuvre de traverser les siècles et de se répandre dans le Monde entier. Chaque membre de la famille hospitalière d’aujourd’hui peut se reconnaître dans l’un ou l’autre de ces amis de Jean de Dieu : frère, bienfaiteur, bénévole ou salarié, et poursuivre son œuvre au service des plus fragiles de notre société.