
Saint Benoît Menni en France
- 26 octobre 2021
En homme sans frontières, saint Benoît Menni a beaucoup voyagé au cours de sa vie. Il a notamment vécu en France à de multiples reprises et y est décédé en 1914. Revenons sur les relations privilégiées qu’il entretenait avec notre province.
Si l’on peut considérer que les deux patries du Père Menni étaient l’Italie (son pays de naissance) et l’Espagne (où il a œuvré la majeure partie de sa vie), il a cependant toujours été très proche de la France et des Frères de la province française, auprès desquels il a puisé beaucoup de force et d’inspiration pour sa délicate mission de restaurateur.
La France, lieu de formation et d’inspiration

(Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu, Paris)
Le Père Menni parlait déjà français lorsqu’il est entré dans l’Ordre à Milan en 1860. Six ans plus tard, le Pape et le supérieur général lui confient la mission de restaurer l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu en Espagne alors qu’il n’est âgé que de 26 ans. Pour se préparer à cette tâche si ambitieuse, c’est en France, à la maison-mère de Lyon, qu’il est envoyé en formation. Il doit y apprendre l’espagnol et prendre conseil auprès des frères français qui ont participé quelques années plus tôt à la restauration de la province aux côtés du Père de Magallon. Il rencontre notamment le Frère Marie-Alphonse Gay, devenu provincial, avec qui il entretiendra par la suite une correspondance très régulière et qui sera désigné comme son supérieur direct par le Père Général en 1869.
Modèle pour ses premières fondations

(Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu, Paris)
Arrivé sur le sol espagnol en 1867, le Père Menni met immédiatement en application les enseignements des frères de France : sa première fondation est une maison pour enfants infirmes et pauvres à Barcelone, directement inspirée par celle de la rue Lecourbe à Paris fondée 10 ans plus tôt par le Frère Marie-Alphonse Gay. Il y applique d’ailleurs le règlement de cette maison, traduit en espagnol, et va jusqu’à reproduire le portrait du frère Marie-Alphonse au milieu des enfants de la rue Lecourbe sur le papier à entête des frères d’Espagne. Ensuite, afin de donner un cadre légal à son entreprise de restauration, il crée une « Association des Infirmiers des Frères de la Charité », à l’image de celle que le Père de Magallon avait mise en place à l’hôtel-Dieu de Marseille en 1820, au tout début de la restauration de l’Ordre en France.
Soutien et refuge dans les épreuves
Formé, conseillé et inspiré par les Frères français, le jeune Menni trouve également en eux un soutien important tout au long de sa vie, qu’ils lui témoignent par des lettres régulières ou des visites. Face à ses divergences d’opinion avec Rome, le Père Menni va jusqu’à demander au Provincial de France « j’espère que vous serez assez bon pour me recevoir dans votre Province, si le Rme Père Général n’écoute pas ce que je viens de lui écrire ».
La maison de retraite de Marseille quant à elle, étant la plus proche de l’Espagne, est pour lui un véritable refuge dans les périodes les plus difficiles. Lorsqu’il tombe gravement malade en 1868, c’est la communauté de Marseille qui le recueille et prend soin de lui pendant sa convalescence. Lorsqu’il est chassé d’Espagne, c’est à Marseille qu’il se réfugie et c’est aussi à cette communauté qu’est confiée la charge de former les premiers novices espagnols.
Le soutien des frères français sera également matériel, puisqu’ils lui enverront régulièrement de l’argent, des livres de chirurgie, des médailles ou encore des tableaux pour ses nouvelles fondations.
Terre d’accueil à la fin de sa vie

(Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu)
Compte-tenu des liens de saint Benoît Menni avec la France (modèle pour ses fondations en Espagne, soutien moral et financier tout au long de sa mission, ou encore refuge dans les épreuves), on comprend mieux que son choix se soit naturellement porté sur notre pays lorsque, suite à sa démission de la charge de supérieur général de l’Ordre, on lui somme de choisir un lieu de résidence qui ne soit ni à Rome, ni en Espagne. Ainsi, il séjournera plusieurs mois rue Lecourbe avant d’être envoyé à Dinan où il finira ses jours, le 24 avril 1914.