
Vénérable Frère William, missionnaire au Vietnam
- 15 février 2022
Frère William Gagnon (1905-1972), religieux canadien de l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu, s’est battu pendant plus de 20 ans avec les armes de l’hospitalité dans un Vietnam déchiré par la guerre.
Départ pour l’Asie
En 1950, en pleine guerre d’Indochine, Frère William Gagnon, ancien provincial du Canada, est choisi pour établir l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu au Vietnam. Son rêve missionnaire se concrétise enfin. Il quitte alors Montréal avec deux compagnons pour se rendre à Bùi-Chu, au Nord du Vietnam et y prendre la responsabilité d’un petit dispensaire d’une quarantaine de lits, proche des lignes de combat. Après un voyage d’un mois, en avion, en bateau, en voiture et même en barque, il découvre son nouveau lieu de vie : un hôpital sans médecin, sans médicaments, sans instruments, sans lits. Le personnel médical a fui la guerre, laissant la population sans services de santé. Les conditions sont loin d’être idéales et seulement deux heures après leur arrivée, le premier patient leur est confié.
L’hospitalité face à la guerre

Bùi-Chu en 1952
(Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu, Paris)
Tout autour, c’est la guerre, le canon et les mitrailleuses sont proches et les frères n’ont pas seulement à s’occuper des malades des environs, ils soignent aussi les blessés, amis et ennemis, sans discrimination. En quelques mois, les patients du Frère William atteignent la centaine. Accompagnés de leurs familles, ce sont donc 225 personnes qui s’entassent tant bien que mal dans l’hôpital : des blessés, de nombreux malades et puis arrivent ensuite les réfugiés.
L’insécurité est quotidienne, les bombardements rythment les nuits et Frère William tremble, non pas pour lui-même, mais pour ses frères et pour ceux dont il a la responsabilité. Il implore constamment la bienveillance de la Providence et met sa foi dans le Cœur de Jésus et dans la protection de la Vierge Marie qui lui assure toujours une protection maternelle efficace.
Un religieux infatigable
Contraint de transférer le dispensaire de Bùi-Chu à Hanoi puis à Tam Hiêp et enfin à Hô-Nai au Sud du pays, partout il se dévoue sans compter. Sa charge de travail est colossale : il aide à l’évacuation des populations, effectue les soins, ainsi que les vaccins. Bien que supérieur de la communauté, il ne cesse de donner l’exemple en aidant à la construction des bâtiments, lavant le linge, effectuant les achats, ne reculant devant aucune tâche, même les plus repoussantes, toujours avec douceur, simplicité et modestie. A son grand regret, il n’a jamais réussi à parler la langue vietnamienne, seulement quelques phrases pour pouvoir saluer ceux qui se présentent à lui, mais ses gestes, son regard et son sourire en disent bien plus que les mots.
Préparer l’avenir
Au cœur de cette situation difficile, où la charité du frère est sollicitée de toutes parts, il pense à la relève. Sa passion pour la vocation religieuse hospitalière est communicative si bien que les candidats affluent à la résidence des frères, bien trop petite pour accueillir tous ces postulants. Frère William exercera cependant un discernement éclairé dans le choix des nouveaux frères et se souciera de leur assurer une formation religieuse et professionnelle de qualité.
Mais ce rythme de vie intense, les privations et le climat rude du pays fragilisent peu à peu sa santé. Il conserve toujours une attitude calme et joyeuse malgré l’épuisement. Malade et alité, il accepte ses souffrances avec patience et confiance, et décède à Saigon, le 28 février 1972.
La reconnaissance de tout un peuple
Depuis ce jour, la population ne cesse de venir prier sur sa tombe, qui se couvre peu à peu de bouquets de fleurs, de bâtonnets d’encens et d’ex-voto déposés en reconnaissance de faveur obtenues : « Ta vie fut pure comme une fleur. Ta présence pleine de sacrifices. A présent, tu reposes ici. Je brûle de l’encens, te demandant une grâce pour moi par ton intercession. Merci »