
Les Frères de Saint Jean de Dieu exposent
- 7 juin 2022
Déjà médaillés aux expositions universelles de 1867 et 1900, les Frères de saint Jean de Dieu ont choisi, pour celle de 1937, de présenter deux grands bas-reliefs illustrant leurs œuvres hospitalières.
Montrer l’Hospitalité dans sa diversité
En 1937, Paris accueillait l’exposition universelle intitulée « Arts et Techniques dans la Vie moderne ». L’Eglise y avait son propre pavillon, le « pavillon catholique pontifical », qu’elle avait décidé de consacrer à la thématique de la vie humaine en créant des espaces correspondant à son action en faveur de chaque âge de la vie.
Compte-tenu de la diversité des œuvres des Frères de Saint Jean de Dieu, ceux-ci n’ont pu obtenir un espace propre pour présenter leur congrégation mais plusieurs petits espaces dans plusieurs salles : dans celle de la jeunesse, celle de l’assistance et de la vieillesse et enfin dans celle de la vie religieuse.
Pour mettre en valeurs leurs œuvres hospitalières, les Frères décidèrent de faire réaliser deux grands bas-reliefs en ciment pierre. Mais une fois leur participation confirmée, ils ne disposèrent que de 5 mois pour la réalisation de ceux-ci.
Représenter le Centre Lecourbe

(Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu, Paris)
Après une visite de l’établissement de la rue Lecourbe, le sculpteur, Gilbert Privat, réalisa le premier bas-relief intitulé « Asile des enfants », dans lequel il tenta de donner un maximum d’informations sur l’œuvre.
Il y représenta donc un frère de saint Jean de Dieu entouré par trois enfants (un infirme avec des béquilles, un aveugle et un grand infime couché à ses pieds), symbolisant les trois types d’enfants accueillis au centre à l’époque. Quatre petites scènes de part et d’autre du religieux précisaient le travail des frères auprès de leurs protégés : soins du corps, instruction scolaire et religieuse, apprentissage en atelier (reliure et cordonnerie), cours de musique.
Représenter le Centre Forbin
Le deuxième bas-relief, intitulé « Asile de Nuit », représentait quant à lui le Frère Elisée Coriou, économe et restaurateur de l’accueil de nuit en 1919, sur le seuil de la maison, accueillant à bras ouvert une foule de sans-abri, quelque soit leur âge, leur origine, ou leur état de santé.
Ce bas-relief causa beaucoup de soucis à l’artiste car une fois réalisé, celui-ci s’est avéré bien trop lourd pour la fragile ossature du pavillon pontifical. Le sculpteur a donc été contraint, au dernier moment, d’en réaliser un moulage en plâtre pour l’exposition.

De nombreux problèmes techniques
L’exposition, qui devait être inaugurée le 1er mai, n’a pu ouvrir que le 25 à cause de retards dans les travaux. A cette date, les bâtiments n’étaient pas terminés et toutes les œuvres n’étaient pas encore en place. Au pavillon pontifical, Gilbert Privat peina à introduire ses créations. Dans la salle de la jeunesse, le bas-relief de la rue Lecourbe n’a été installé que fin juin, alors que dans la salle de l’assistance, celui de l’accueil de nuit a été accroché le 9 juillet, juste à temps pour la visite du Nonce apostolique.
Le sculpteur, épuisé par tant de travail et de difficultés, écrivit sa grande déception aux frères : si les deux œuvres étaient très bien placées dans l’exposition, leur éclairage était insuffisant. L’accueil de nuit était même à peu près dans les ténèbres !
Deux œuvres mises en valeur dans les établissements
Cependant, depuis cette exposition pour laquelle ils avaient été conçus et qui les a bien mal traités, ces deux bas-reliefs ont pris leur revanche puisqu’ils ont trouvé chacun une place de choix dans les établissements qu’ils représentaient. Au Centre Forbin à Marseille, impossible de ne pas remarquer le bas-relief de Frère Elisée qui occupe un mur intérieur, quant à celui de l’asile des enfants, il a rejoint le Centre Lecourbe. Après restauration, il a été placé à l’entrée de la nouvelle communauté des frères.