D’une logique de collaboration à un esprit de famille

Pendant plus de 3 années, Frère Henri Gbaba a vécu au sein de la province de France pour des études professionnelles en gestion des ressources humaines à l’Institut catholique de Paris. De retour dans sa province Saint Richard Pampuri d’Afrique, il sert l’Ordre aujourd’hui en tant que secrétaire provincial. Il revient pour nous sur les relations entre les deux provinces.

Après avoir appris à connaître la province de France, comment voyez-vous aujourd’hui les relations qui unissent les deux provinces ?
Aujourd’hui, nous sommes très touchés de la disponibilité de la province de France à nous accompagner, et ce depuis de nombreuses années. Ses membres sont toujours à l’écoute, d’une écoute attentive qui nous permet d’exprimer nos besoins, nos échecs, mais aussi nos succès.

Je dirais que nous avons avec la province de France de bonnes relations de collaboration qui restent à dynamiser. Sur le plan humain, il y a des échanges et plusieurs frères de notre province sont en mission en France comme à Madagascar. C’est un processus à encourager pour que nous puissions dépasser uniquement des relations juridiques entre deux entités. Il convient d’être plus flexibles pour devenir de vrais disciples missionnaires de l’hospitalité, là où le besoin se fait sentir. Nous sommes une famille, la famille hospitalière de Saint Jean de Dieu et de ce fait, il nous faut sortir d’une logique de collaboration administrative pour construire des liens de famille. Oui, nous sommes capables de construire des liens fraternels où nous pouvons apprendre à nous supporter les uns les autres !

Et sur le plan matériel, que représentent ces relations pour vous ?
La province de France, en particulier par l’intermédiaire de l’AAJI, soutient financièrement beaucoup de projets sur place, qui permettent à nos centres de se développer et de continuer d’innover. Le pôle Entraide et Solidarité nous apporte par ailleurs son appui technique, matériel et en ressources humaines qualifiées par l’envoi dans nos hôpitaux de professionnels de santé volontaires pour des missions médicales, et aussi pour la formation des collaborateurs sur place.

Dans un monde de plus en plus globalisé, le pape François nous appelle à renforcer ces liens sans toutefois nous transformer en une ONG. Qu’est-ce que ces paroles vous inspirent ?
Le pape nous appelle à redécouvrir les vrais liens de fraternité. C’est ce que la province de Saint Richard Pampuri peut apporter aussi dans ces relations : cette expérience simple de fraternité vécue quotidiennement dans nos centres ; les joies partagées, les larmes essuyées et la consolation apportée aux plus humbles de nos sociétés. Ça fait partie de l’ADN de notre province et de l’Ordre en général.

Ce qui nous différencie d’une ONG, c’est notre hospitalité inconditionnelle qui va jusqu’au don de soi. « En vertu du vœu d’hospitalité nous faisons nôtre le commandement du Christ de servir les malades et les nécessiteux, en obéissant à nos supérieurs, jusqu’à accepter de risquer notre propre vie », nous rappellent nos Statuts généraux. Cette consécration totale, nos frères l’ont bien intégrée ! Il suffit de voir nos frères de Porga, dans le Nord Bénin, les frères continuent leur apostolat malgré la situation sécuritaire plus qu’anxiogène. Le maintien de cette communauté montre au besoin la différence fondamentale de l’Ordre par rapport aux ONG qui ne sont plus dans la région.

Je dirais enfin que c’est aussi le service rendu aux nécessiteux dans le respect de leur dignité, sans fanfare et loin des caméras depuis plusieurs décennies.

Quels sont les besoins et les projets de la provine pour l’avenir ?
Notre besoin le plus important et le plus urgent, c’est le soutien budgétaire. Nos ressources ne peuvent couvrir les charges d’exploitation et cela s’est accentué avec la crise sanitaire mondiale, la pandémie de covid, la guerre en Ukraine qui fait monter drastiquement les prix des hydrocarbures entrainant une inflation exponentielle des transports et des produits de premières nécessités. Ainsi, les ressources propres déjà insuffisantes ont baissé. Nous avons besoin d’un soutien budgétaire aussi à cause de la pauvreté aigue des populations que nous servons. En ce sens, nous maintenons nos tarifs pour pouvoir continuer à les servir. De notre côté, nous réfléchissons à mettre en place des projets innovants générateurs de revenus qui pourraient subvenir aux besoins de nos centres.

Quel message voulez-vous laisser aux membres de la Famille hospitalières de France ?
Nous prions pour vous, pour vos familles, vos projets et nous comptons sur vous pour nous aider à continuer de promouvoir l’hospitalité de Saint Jean de Dieu en Afrique !

 

Nota : Retrouvez une interview de Frère Hugues Assou, supérieur provincial de la province Saint Richard Pampuri d’Afrique à l’occasion de son passage en France, dans le prochain numéro du Lien Hospitalier !