A tous les Frères et Collaborateurs, membres de la Famille hospitalière de Saint-Jean-de-Dieu,

Le 8 mars, nous célébrons la solennité de saint Jean de Dieu, fondateur de l’Ordre et de la Famille hospitalière qui tirent leur nom et leur inspiration de lui. Je vous adresse à tous mes meilleurs vœux pour que nous préparions et vivions cette fête avec joie et dévotion, spécialement cette année où nous tiendrons notre Chapitre général.

« Pratiquez l’hospitalité avec empressement » : c’est la devise que j’avais choisie pour mon mandat. Comme je l’avais expliqué alors, il s’agit d’une expression de saint Paul aux Romains, qui relève de la partie d’exhortation de la Lettre. Ce n’est pas seulement une suggestion, mais un impératif, une norme et un mandat pour tous les chrétiens, pour vivre et pratiquer la charité par-dessus tout, conformément à ce que le pape François explique dans son encyclique Fratelli Tutti, à propos de la question d’un expert de la loi sur : “qui est mon prochain ?”, dans la parabole du bon Samaritain. Jésus transforme complètement notre approche ; il ne nous invite pas à nous demander qui sont ceux qui sont proches de nous, mais à devenir nous-mêmes proches de tous. Il n’y a pas de frontières, nous sommes proches de tous, en particulier de ceux qui sont les plus vulnérables et qui ont le plus besoin d’aide (cf. 80-81). Cela requiert un amour inconditionnel, une sensibilité et une prédisposition à aider et à servir le nécessiteux comme Jésus Christ, le Bon Samaritain, qui parcourait les villes et les villages, enseignant dans les synagogues, prêchant l’évangile du royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité. Et il avait compassion des foules parce qu’elles étaient désemparées et abattues, comme des brebis sans berger (cf. Matthieu 9, 35-36).

Une vie remplie d’exemples qui montrent son dévouement jusqu’au bout

Un fidèle disciple de Jésus et un témoin exceptionnel de l’hospitalité évangélique fut saint Jean de Dieu, touché et appelé par le Seigneur, auquel il répondit en consacrant sa vie jusqu’à se dépouiller pour les pauvres et les malades. Sa vie est remplie d’exemples et de moments qui nous montrent son empressement et son dévouement jusqu’au bout, au service des nécessiteux. C’est d’ailleurs ainsi que le décrit de façon synthétique son premier biographe : « Toute la journée il s’occupait de différentes œuvres de charité. De retour à la maison, le soir, même s’il était très fatigué, il ne se retirait jamais avant d’avoir rendu visite à tous les malades. Il leur demandait s’ils avaient passé une bonne journée, si tout allait bien, s’ils avaient besoin de quelque chose. Il les réconfortait dans leur corps et dans leur âme par des paroles affectueuses. Puis il faisait le tour de la maison, soulageant les pauvres malheureux qui l’attendaient et leur donnant ce dont ils avaient besoin. Il ne renvoyait jamais quelqu’un sans l’avoir réconforté. Il donnait l’aumône à tous sans s’interroger sur la sincérité de ces gens et sans chercher à savoir qu’ils mendiaient par amour de Dieu. Certains lui disaient : « Faites attention, cet homme mendie alors qu’il n’a besoin de rien ». A ceux-là Jean répondait : « Ce n’est pas moi qu’il trompe. Qu’il rende compte de son acte à sa conscience. Je lui fais l’aumône par amour de Dieu. Lorsqu’il n’avait plus rien à donner (ayant distribué ses vêtements, il lui arrivait de ne porter sur lui qu’une simple couverture), et pour n’avoir pas à refuser à ceux qui lui demandaient la charité, il remettait à chacun d’eux une lettre de présentation et leur demandait de s’adresser à telle ou telle personne pieuse qui leur viendrait en aide ». (Castro XIV)

Cette année, au mois d’octobre, nous célébrerons le LXXème Chapitre général de l’Ordre, à Częstochowa (Pologne). Depuis plus d’un an, nous nous préparons à cet événement important, qui devra faire face aux défis que l’Ordre doit relever aujourd’hui et demain. Tous ceux qui forment la Famille hospitalière de Saint Jean de Dieu sont appelés à participer de diverses manières à la phase de préparation dans laquelle nous nous trouvons actuellement, par la prière et à travers les groupes de perception qui ont été créés dans toutes les Provinces. Au Chapitre général, nous sommes tous appelés au discernement, à la lumière de l’Esprit du Seigneur, pour découvrir les voies à suivre dans les années à venir.

Cependant, une chose qui nous est déjà bien connue et qui est toujours nécessaire pour maintenir vivant le charisme de l’hospitalité évangélique à la manière de saint Jean de Dieu, c’est cette  » urgence et sensibilité spéciale «  pour détecter les besoins des personnes et les aider, comme l’a fait saint Jean de Dieu et tant d’autres Frères et Collaborateurs au cours de l’histoire.

Puissions-nous tous faire un pas en avant pour pratiquer l’hospitalité

Les besoins sont toujours nombreux, même là où les conditions de vie semblent meilleures : pauvreté, maladie de toute nature, solitude, exclusion et marginalisation, esclavage et manque de liberté, faim et tant d’autres misères. C’est là que nous sommes envoyés, nous tous qui faisons partie de la Famille de Saint-Jean-de-Dieu, en sortant avec empressement, dévouement et créativité de notre espace de confort, pour aider et assister ceux qui en ont besoin et, comme le disait saint Jean de Dieu, uniquement pour Jésus-Christ (cf. 2 GL 7). Telle est la voie principale qui guidera et éclairera le présent et l’avenir de notre Ordre, l’impératif nécessaire pour que l’Esprit du Seigneur soit présent parmi nous. Puissions-nous tous faire un pas en avant pour pratiquer l’hospitalité, chacun à partir de sa réalité, avec de grands ou de petits gestes, qui expriment toujours l’amour de Dieu. Car c’est ainsi et ainsi seulement qu’il y aura un avenir pour l’Ordre, même si ses formes et ses structures changent ! C’est la clef du futur !

Beaucoup de situations dans l’Ordre reflètent cet impératif de servir ceux qui en ont besoin. Je signale un endroit auquel j’ai rendu visite à la fin de l’année dernière : un centre de jour de santé mentale en Papouasie-Nouvelle-Guinée, dans la ville de Madang. Il n’est pas très grand, mais c’est un espace d’hospitalité, où l’on vit et l’on sent l’empressement des Frères et des Collaborateurs, mais aussi par les patients eux-mêmes, d’accueillir et de servir ceux qui viennent à la  » Maison de Dieu « , et qui ont besoin d’assistance, d’amour et de tendresse. Comme toujours, je profite de cette date pour informer l’ensemble de l’Ordre du résultat de la campagne de 2023, en faveur d’un projet d’urgence sociale au Timor oriental :  » Faire place à l’hospitalité au Timor oriental « . Le total recueilli s’élève à 422.644,40 euros, fruit de la générosité et de la solidarité de tout l’Ordre, et je vous remercie très sincèrement une fois de plus.

En même temps, je vous informe que la campagne de cette année 2024 aura pour objectif de construire et mettre en œuvre un centre de premiers soins de santé mentale à Kolda (Sénégal), une région située au sud du pays qui ne dispose d’aucun établissement dans cette spécialité. Encore une fois, je vous remercie de votre générosité et je vous demande de soutenir ce projet d’assistance. De plus amples informations seront envoyées prochainement. Joyeuse fête de saint Jean de Dieu pour toute la Famille hospitalière. Que notre Fondateur continue de nous inspirer, en particulier en cette année capitulaire, pour que ne manque jamais en chacun des membres de notre Famille un cœur empressé, sensible et disponible à pratiquer l’hospitalité, envers toute personne et tout frère dans le besoin.

Unis dans le Seigneur et en saint Jean de Dieu, avec l’expression de mes sentiments fraternels.

Frère Jesùs Etayo
Supérieur général de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu